OpenAI, l’entreprise derrière le populaire ChatGPT, vient d’annoncer un revirement stratégique majeur. Son directeur général, Sam Altman, a déclaré lundi 5 mai que la société abandonnait son projet de transformation en entreprise à but lucratif. Cette décision marque un tournant important pour l’une des start-ups les plus influentes de la Silicon Valley.
Une décision qui fait suite à des consultations
« OpenAI n’est pas une entreprise normale et ne le sera jamais », a écrit Sam Altman dans un courriel adressé au personnel et publié sur le site de l’entreprise. Cette décision a été prise après consultation de leaders de la société civile et d’échanges avec les bureaux des procureurs généraux de Californie et du Delaware, états où OpenAI est respectivement basée et enregistrée.
La transition vers un modèle à but lucratif aurait nécessité l’approbation des autorités de ces deux états, une étape qui ne sera donc plus nécessaire suite à ce changement de cap.
Des ambitions qui nécessitent des milliards
Depuis son lancement fulgurant en 2022 avec ChatGPT, OpenAI est devenue l’une des start-ups les plus prospères de l’histoire de la Silicon Valley. Cependant, ses ambitions dans le secteur de l’intelligence artificielle nécessitent des investissements colossaux – plusieurs dizaines de milliards de dollars pour la conception, l’entraînement et le déploiement de ses modèles d’IA.
C’est notamment pour cette raison que l’entreprise avait dévoilé l’an dernier un plan de transformation en société à but lucratif dans un délai de deux ans. Ce changement de structure aurait permis à ses principaux investisseurs de faire fructifier leurs placements dans une entreprise vouée à la rentabilité.
Des critiques nombreuses face au changement de structure
Ce projet avait suscité de vives inquiétudes, beaucoup craignant qu’il ne fasse passer les intérêts des actionnaires avant les questionnements éthiques liés au développement de l’intelligence artificielle. La puissance des technologies développées par OpenAI rendait cette perspective particulièrement préoccupante aux yeux de nombreux observateurs.
Parmi les critiques notables, Elon Musk, l’un des fondateurs initiaux d’OpenAI en 2015 (qui avait contribué à hauteur de 45 millions de dollars au financement initial), s’était même proposé de racheter l’entreprise. Une offre à laquelle Sam Altman avait sèchement répondu qu’OpenAI n’était « pas à vendre ».
Un nouveau plan qui préserve la supervision
Dans le nouveau plan d’OpenAI, la branche commerciale de l’entreprise pourra continuer à générer des profits, mais restera sous la supervision d’un conseil d’administrateurs fonctionnant comme une organisation à but non lucratif. Selon Sam Altman, conserver ce statut « permettra de continuer à réaliser des progrès rapides et sûrs et de donner à tous l’accès à une IA performante ».
Quid des investisseurs?
Cette décision soulève néanmoins des questions concernant les récents investissements massifs dans l’entreprise. La société d’investissement japonaise SoftBank, qui avait annoncé un apport de 30 milliards de dollars, avait fait du passage au statut à but lucratif une condition de son investissement. Selon certains documents officiels, cette somme pourrait désormais être réduite à 20 milliards.
Cette participation de SoftBank s’inscrit dans une levée de fonds record de 40 milliards de dollars annoncée fin mars 2025 – la plus importante jamais réalisée pour une société non cotée dans le secteur technologique. Ce tour de table valorisait alors OpenAI à 300 milliards de dollars.
Un équilibre délicat entre financement et éthique
Cette décision d’OpenAI illustre le défi constant auquel font face les entreprises d’intelligence artificielle : comment financer le développement de technologies coûteuses tout en préservant une vision éthique du développement technologique?
En choisissant de maintenir son statut d’organisation à but non lucratif, OpenAI semble privilégier sa mission originelle de développer une intelligence artificielle bénéfique pour l’humanité, plutôt que de céder aux pressions financières. Reste à voir comment cette stratégie s’articulera avec ses besoins d’investissements massifs dans les années à venir.
